La vie est une boite de chocolat, une montagne russe pleine de contraste. Un jour tu te réveilles au top de la montagne et le lendemain en bas du ruisseau. Il n’y avait pas de raison que notre voyage improvisé ne le soit pas aussi, bien au contraire. Ce qui est chouette avec les contrastes, c’est qu’on ne s’ennuie jamais, ils permettent de mieux faire ressortir leur contraire et de souligner les entre-deux. Comme le chantait Dutronc, le monde entier est un cactus mais il y a aussi des coquelicots. En route Nelson, montez à bord de notre voie express des contrastes et du compte à rebours de notre rendez-vous de vacances avec Benoit, le fan n°1 du blog et accessoirement ami d’enfance de Gaël.
[En raison d’un retard accumulé dans la rédaction du blog, ces prochains paragraphes ne s’arrêteront pas à toutes les étapes du voyage et ce, afin d’arriver au plus vite au terminus. Nous nous excusons pour la gêne occasionnée. Etc vous remercie pour votre patience.]
Après avoir déambulé sur la carretera australe et glandouillé un brin avec Captain Boulard, le compte à rebours avait commencé. Tic-tac l’arrivée de Benoit s’approchait à grand pas, tic-tac nous avions encore 2 700 kilomètres à parcourir. Soit deux jours à rouler sans s’arrêter pour faire pipi, soit Cherbourg-en-Cotentin > Grèce à vol d’oiseau, soit 22 500 terrains de foot. Mais, comme nous ne sommes pas fous non plus et que l’on aime se mettre bien, nous avons fait des étapes Dolce Vita et réalisation de rêves. Résumé express des épisodes précédents les vacances de Benoit.
Au pays des volcans et des sources d’eaux thermales
Nous avons mis le cap sur le volcan Osorno pour une journée de ski mémorable et réaliser un vieux rêve de Caroline, celui de faire du ski sur la cordillère des andes, en bonus sur un volcan, elle en demandait pas tant. Osorno est une toute petite station avec quelques pistes bleues et rouges, dont l’une d’elle s’appelle Jean-Pierre. Nous étions tellement excités que nous avons dormi en bas de la station afin d’être les premiers sur les pistes. Le soir, nous avons chauffé de l’eau sur notre petit réchaud de trek pour se faire des nouilles instantanées sur le rebord de la fenêtre du café de la station. Il faisait -5°C, le vent était glacial, nos doigts de pieds se transformaient en mister freeze mais, nous avions le volcan pour nous tout seul et la sensation d’être des aventuriers de l’extrême. Parfois, dans notre tête, on se la pète pas mal.
Le lendemain, notre journée de ski fût magique. Nous avions l’impression de glisser sur du sucre glace en regardant un paysage de carte postale; en face de nous, le lac Llanquihue, sur les côtés, une débauche de volcans et de montagnes.
Puis direction la toute mignonne bourgade de Pucon, ses nombreux volcans et ses termes d’eaux chaudes. Nous y sommes restés une semaine, déjà parce que Caroline devait finir ses reportages et puis aussi parce qu’il fait bon vivre aux pieds des volcans. Les alentours ne sont pas dégueus non plus, avec ses forêts millénaires enneigées, ses lacs gelés, les rayons perçant à travers la cime des arbres nous avions l’impression de marcher dans un décor de contes de fées. Nous étions comme Hansel & Gretel à la recherche de la maison en pain d’épices.
Ensuite nous sommes remontés à toute vitesse vers Santiago, où nous avons découvert qu’il y avait de superbes station-services où passer la nuit et que le soleil nous avait manqué. A cette occasion nous avons enfin pu enlever nos manteaux et avons même redécouvert nos bras et nos jambes, plus blancs que blancs après leur hibernation. Nous ne sommes restés qu’une soirée à Santiago, le temps de retrouver le petit resto sympa que nous avions tant aimé lors de notre voyage de PACS en 2014. Le lendemain, nous avons traversé l’un de nos plus beaux passages de frontière, une route en escalier qui serpente la cordillère entre le Chili et l’Argentine. Le plus troublant aussi, car nous sommes avions troqués les verts pâturages chiliens pour le désert ocre argentin. Contraste entre la neige et le soleil, le feu et la glace.
La route du vin, de l’olive et des ingénieurs en reconversion
Une fois en Argentine, nous avons pris la route du vin pour rejoindre Salta. Que retenir sur la route des vins ? Tout d’abord que Mendoza est une grande ville toute moche sans grand intérêt et que ses vignobles sont situés dans la banlieue de Maipu, qui est aussi moche et glauque que le reste de la ville. Expectatives : faire un tour de bicyclette à travers les verts pâturages et les vignes fleuries en sifflotant gaiement la chanson d’Yves Montand. Réalité : nous nous sommes asphyxiés dans la folle circulation et la poussière des champs abandonnés tout en slalomant pour éviter les bus dingos et les poubelles qui roulent. On repassera pour le champêtre. Pour oublier ça, nous avons visité l’oliveraie Laur qui produit l’une des 10 meilleures huiles d’olives du monde. Nous y avons appris comment extraire l’huile de l’olive, en choisir une bonne et la goûter. Gaël, en tant qu’amoureux absolu de l’olive était au paradis.
Puis nous avons traversé la rue pour visiter Carinae, un vignoble repris par d’anciens ingénieurs mécaniques qui, après une expat en Argentine voulaient trouver une excuse pour rester à Mendoza. Depuis 10 ans, ils y produisent un sacré bon vin que l’on vous recommande fortement. Sur le chemin du retour nous nous sommes arrêtés chez Urs Wolf, un sympathique suisse allemand qui produit lui même tout une série de liqueurs pas piquées des hannetons. Nous nous y sommes arrêtés par curiosité et nous avons fini par papoter jusqu’à la tombée de la nuit. En plus d’avoir un nom rigolo, Urs Wolf est quelqu’un de très touchant qui aime passionnément ce qu’il fait et ne regrette pas du tout sa vie d’ingénieur commercial dans l’automobile helvète. Si vous passez dans le coin, n’hésitez pas à aller frapper à sa porte, vous y passerez pour sûr un bon moment.
Le soir, nous avons dormi dans le jardin-garage-atelier de réparation de notre loueur de vélo qui est un gars super sympatoch. Le lendemain a été la journée des contrastes, à l’image de notre voyage, de la vie en générale ou d’un mauvais filtre instagram.
Nous nous sommes réveillés dans l’arrière cour du loueur de vélo au milieu de carcasses de voitures, nous avons pris un café dans la station-service d’en face puis nous avons pris la voiture pour aller nous doucher dans un camping fermé pour l’hiver, où nous n’avons toujours pas compris si c’était bien gratuit ou pas, ni si le type qui nous a ouvert était le propriétaire ou le jardinier, avant de nous faire beau et d’aller nous offrir un très chic repas gastronomique avec assortiment des vins dans un superbe vignoble. Nous avons pris plus de deux heures pour déjeuner, avant d’aller faire la sieste dans le Tuctuc, sur le parking de la bodega. A la nuit tombée, nous avons repris la route pour dormir dans une superbe station-service. Tout en oxymoron vous dis-je.
Comment oublier San Juan et ses environs
San Juan est une ville à taille un peu plus humaine et plus sympathique que Mendoza. Nous ne gardons pas grand souvenir de San Juan mis à part qu’il y a un super resto végétarien pas cher du tout et quelques vignobles sympas. Ha si, il y a eu la visite d’une bodega de champagne.
Miguel Mas est petit vignoble bio tenu par la même famille depuis quelques générations. Ils sont trois, produisent quelques milliers de bouteilles mais leur « champagne » est exceptionnel. Tout est produit à la main, sans pesticides dans la tradition champenoise pur jus. Un excito !
On a sûrement fait plein d’autres choses à San Juan mais notre mémoire ne les a pas imprimées.
Les dinosaures aiment le désert
Ichigualasto est l’un des onze sites classés au patrimoine de l’Unesco en Argentine. C’est un site exceptionnel au niveau archéologique car la tectonique des plaques et l’érosion a mis au grand jour un mille-feuilles géologique qui remonte jusqu’à la période triasique où sont apparus les dinosaures 1.0. Les archéologues du monde entier viennent travailler sur les fossiles des plus anciens dinosaures connus à l’heure actuelle, bien plus vieux que ceux de Jurassic Park.
Le site se visite l’après-midi en mode safari photo pour protéger au maximum le terrain. Une caravane de voitures suit celle du guide, qui s’arrête aux spots stratégiques. Le guide est un type passionnant qui vous fait comprendre toute la pré-histoire avec ces cinq doigts et des histoires pour enfants. Le lendemain matin, nous avons fait le tour du parc en VTT avec un guide pour nous tout seul car nous étions les deux seuls glandus à bien vouloir le faire. Ce fût sportif mais gratifiant.
Du vin, des empanadas et des andins fluos à Cafayate
Nous avons retrouvé la route 40 et ses immenses traversées du vide. Contrairement à la verte Patagonie, ce vide est ocre, poussiéreux et désertique, des étendues lunaires parsemées de petits villages tout droit sortis de westerns spaghetti. Arrivés à Cafayate, nous avons de suite été charmés par cette tranquille petite bourgade aux maisons coloniales, oasis de charme en plein désert. Nous y sommes arrivées en plein 15 août, soit parait-il le week-end où la Vierge est montée au ciel. A cette occasion, les cafayotes vont à la messe et ressortent de l’église en soulevant la statue de la Vierge afin de lui faire prendre un peu l’air tout autour de la ville. Elle est suivie par un groupe de danseurs andins, en ponchos fluos et musique flocklo-techno, tout un programme.
Le lendemain nous nous sommes mis bien à la Finca las Nubes. Charmant vignoble niché au pied de la cordillère, il est l’un des plus hauts du monde. Vrai ou pas, nous ne le savons pas vu la propension des argentins à définir que leur patrimoine est toujours le plus quelque chose du monde, du continent, du village ou de l’univers entier. Nous avons retrouvé le bonheur du meilleur menu du monde : pain – vin – fromage – sieste sous un arbre.
L’une des plus belles routes du monde s’appelle Quebrada de las conchas
Tout est dans la titre. Cette route relie la douce Cafayate à la piquante Salta plus au nord, 200 km de pures exubérances des paysages, comme si chaque kilomètre faisait la compétition de la vue la plus spectaculaire en offrant des sculptures naturelles extraordinaires. Les attractions s’enchaînent tout au long de la route, les petites bicoques qui vendent les meilleures empanadas d’Argentine, les amphithéâtres naturels où un musicien offre un concert privé, des canyons sinueux, des puits vers le ciel que l’on admire comme un tableau au Louvres. Nous avons parcouru 200 km en 6 heures de bonheur, avant d’arriver à Salta, heureux comme des pinsons, pour accueillir notre cher Benoit. Mais ça c’est une autre histoire. 😉
Et vous oubliez egalemEnt un des objectifs principaux de cette semaine pré-Salta: faire le stock de liquide!!
Oh le hold-up!! Tout portait à croire dès le début de l’article que L’on se situerait à l’apOgée de Votre périple!! Mais non, il faut encore attendre un peu, la pente vers salta est douce (oXymoron?)… mais très beaux textes et photos, as usual