Machu Picchu – Episode 1 : A la découverte de la vallée sacrée

Ha le Machu Picchu ! Ce nom mythique qui fait rêver les voyageurs, qui donne un goût d’ailleurs rien qu’en le prononçant. L’ancienne cité sacrée est aujourd’hui une cash machine touristique nichée au sommet d’une vallée sacrée qui garde un charme certain.

Résumé express des épisodes précédents.

Notre lent voyage vers le Machu-Picchu commence par Cusco, ancienne capitale de l’empire Inca et point de départ de toutes excursions vers la cité sacrée. Ici on respire Machu-Picchu, on vit autour des Incas. Cusco est une charmante ville où se mêlent les anciennes ruines des palais Incas, les incroyables temples catholiques et les nouveaux temples du capitalisme à l’effigie de KFC, Starbucks ou Nike.

Il faut savoir que la domination de l’empire Inca sur la région des Andes péruviennes a été relativement courte en comparaison à d’autres civilisation, comme celle des Tihuanacu, cette mystérieuse civilisation dont il ne reste quasiment plus rien. En un peu plus de 300 ans, ils ont réussi l’exploit de coloniser une grande partie des Andes. Leur secret? Une savante équation entre l’intégration, l’assimilation et le swag. Au lieu d’arriver chez des inconnus, d’y faire table rase avant d’imposer sa vision du monde par la force comme la plupart des peuples colons; les Incas arrivaient chez leurs voisins, bon les bousculaient un peu quand même, puis leurs proposaient de venir rejoindre le club des cools « aka celui des Incas ». Ce club offrait l’avantage de faire partie d’une alliance militaire avec un roi qui en jette, de savoir faire pousser des patates à 3 000m, d’avoir du sel des montagnes pour les conserver, de faire partie du « téléphone arabe » et de construire des temples qui résistent aux tremblements de terre.

Les Incas était une civilisation qui a connu un développement technique et culturel incroyable en si peu de temps et ce, comme toutes les civilisations les plus avancées, en mélangeant ses savoirs avec ceux des voisins. Leur intelligence a été de se servir des connaissances des peuples qu’ils colonisaient pour améliorer leurs propres techniques et la diffuser dans tout l’Empire. En découvrant, les autres cultures pré-colombiennes (nb: celles qui étaient présentes avant l’arrivée des Espagnols) l’on se rend compte que l’Inca est un savant melting-pot régional. La plus forte influence selon moi est celle des Tiwanacotes tant au niveau architectural qu’agricole. Ce qui n’est pas si étonnant. Historiens et archéologues ne sont toujours pas sûrs des origines du peuple Inca, ni de la disparition des Tiwanacotes. Mais, selon la thèse la plus probable, les tiwanacotes ont disparus brutalement, sûrement après une catastrophe climatique. Le roi des tiwanacotes aurait alors quitté les berges du Titicaca pour aller fonder une nouvelle cité. Il aurait choisi l’emplacement de Cusco, qui vient du Quechua « Qosqo » et signifie « nombril ». Cusco offre l’avantage de surplomber les vallées environnantes, ce qui permet d’aller tataner l’ennemi avant qu’il atteigne la cité royale.

La pierre aux 12 faces est la pierre avec le plus d’angles des constructions incas. Elle illustre le mode de construction inca où les pierres sont taillées de telles sortes qu’elles s’imbriquent parfaitement les unes aux autres.

Cusco a été fondée au XIème siècle et deviendra vite le centre du monde, inca. La cité a été construite entre deux fleuves et a pris la forme d’un puma. L’empire s’est ensuite agrandi vers le nord, le sud, l’est et l’ouest pour former l’Empire des 4 « suyos » . Mais qu’est-ce qu’un Inca ? D’abord ce n’est pas un Inca mais LE GRAND INCA, SEIGNEUR DU CIEL ET DE LA TERRE. Oui, l’Inca est unique en son genre car ce mot désignait le roi, fils d’Inti le soleil et de la terre-mère, envoyé sur terre pour répandre le savoir divin. Comme tout bon roi qui se respecte donc. Quand Pizarro et ses frangins sont arrivés pour imposer leur vision du monde et voler de l’Or, ils ont entendu le mot Inca, ils ont compris que ça désignait des gens, ils se sont dit que bon emballé c’est pesé, les indigènes s’appelleront les Incas, c’est du pareil au même. Voilà donc comment tous ces gens là se sont retrouvés dans une sacré métonymie.

En parlant de l’Inca, savez-vous comment vivait le roi des rois ? Eh bien pas mal du tout. Il vivait dans un grand palais avec plusieurs patios autour duquel s’alignaient quatre chambre sur chaque côté du patio carrée, ce qui fait 16 chambres par patios. Dans chaque chambre il y avait une de ses femmes avec ses enfants. Toutes les chambres étaient de même taille, même celle de l’Inca, à la différence près qu’il y vivait seul et qu’il avait les plus beaux meubles. Les chambres étaient constituées d’une paillasse et d’un fil traversant la chambre et qui servait de dressing. Si les pauvres mortels se contentaient de tuniques en laine de lamas chatoyantes, l’Inca était toujours vêtu d’un manteau en vigogne, à usage unique. Chaque matin donc, il enfilait un manteau neuf qu’il jetait le lendemain afin de ne pas attraper de mystérieuses maladies. Ensuite ses manteaux étaient donnés à l’un de ces cent enfants ou à un cusqueno. La laine de vicuña est la matière la plus chaude du monde. C’est la cousine du lama et de l’alpaca, elle vit dans les Andes à plus de 4000m d’altitude mais, elle est aujourd’hui en voie d’extinction et n’a jamais été domestiquée contrairement à ses fameux cousins.

Parmi la centaine d’enfants de l’Inca, seul le premier enfant mâââle de la première épouse, l’officielle, était désigné comme successeur du roi mais, pas question qu’il reste vivre chez papa toute sa vie. Dès sa naissance, on lui fait construire son propre palais. Il s’y installera à la mort du père, aura plein de femmes et un petit Inca pour qui il fera construire un palais, etc. A la fin de l’empire, Cusco comptait une quinzaine de palais, tous construits sur le même modèle.

Les Incas étaient d’infatigables bâtisseurs. Tout au long de la vallée sacrée, ils ont édifié des temples, palais, structures agricoles et thermes défiants les aléas de la nature, des guerres et du temps. Leur savoir-faire architectural reste encore aujourd’hui une merveille de technologie. Toutes constructions importantes telles que les temples, les fortifications et les palais (les pécores se contentant de bâtisses en terre séchée) reposaient sur une solide base en grosse pierres taillées. Elles étaient conçues pour s’emboiter parfaitement, tels de gros legos en pierre. Cette technique provient probablement des Tihuanacotes (on vous en a déjà parlé je crois). Même si la technique est moins parfaite que celle de leurs ancêtres, les Incas ont réussi à construire d’incroyables bâtiments, à flancs de montagnes qui n’ont pas bougé depuis plus de 500 ans et ce, malgré les tremblements de terre. Mais comment faisaient-ils pour que ces pierres d’imbriquent aussi parfaitement ? Et bien, avant d’édifier les murs, ils faisaient d’abord une maquette du mur avec des briques en adobe, à partir de laquelle ils taillaient ensuite les pierres.

Petits détours dans la vallée sacré

En repartant de Cusco, nous embarquons à bord du Tucson, un anglais trouvé dans un pub. Les anglais se cachent toujours dans les pubs, les français eux, se trouvent généralement dans des boulangeries et les allemands chez les marchands de hot-dog. C’est cliché mais c’est comme ça. Martin nous accompagnera par monts et par vaux de la vallée sacrée, toujours accompagné de sa bière et de ses histoires de vieux baroudeur.

La vallée sacrée débute là où se termine Cuzco et nous mène d’anciennes merveilles en petits villages vers les sommets du Machu Picchu. Nous avons pris le temps de trainer dans ces anciennes cités, nichées entre les montagnes et de voir la vie passer aux terrasses des cafés.

Quand l’Inca était fatigué des tumultes de Cusco, il prenait l’air sur les hauteurs de Sacsayhuaman, une citadelle qui servait de forteresse et de maison de campagne royale. Un peu plus loin, il y avait ses thermes personnels avec vue. Pas dégueu. Plus tard, quand Pizarro et ses frangins viennent envahir le Pérou, Cahuide un guerrier inca se réfugie dans la forteresse jusqu’à la victoire des espagnols. Fier, il préfère se jeter du haut de sa tour plutôt que de se rendre.

Caroline, mètre étalon d’une muraille de la forteresse de Sacsayhuamán.

30 km plus loin, nous entrons pleinement dans la vallée sacrée et découvrons Pisac. Une sympathique petite bourgade avec ses vieilles rues en pierre et surtout son ancienne citadelle agricole. Les incas avaient repris le concept des cultures en terrasses, hérité des anciens peuples du canyon de Colca. Les cultures en terrasses permettent de cultiver plus de nourriture, à flanc de montagnes et de s’aider de l’apesanteur pour pouvoir irriguer les plans par un système classique de gouttières. C’est haut, c’est beau et c’est à couper le souffle, littéralement car l’ancienne cité culmine à 3000m d’altitude.

Continuons notre immersion dans la vallée sacrée, prochain arrêt : les salinas de Maras. Du sel, en haut d’une montagne, à 500 km de la côte, dans des terrasses géométriques quasi parfaites? C’est normal au Pérou. Perchée au milieu de nulle part, Nelson a bravement gravi les chemins caillouteux pour nous emmener dans cette merveilleuse hérésie. En fait, le sel vient non pas de la mer mais d’un minéral contenu dans la montagne, là où surgit une source d’eau. En coulant le long de la pente, l’eau vient déposer le sel sur les terrasses construites par les incas, qui s’en servaient pour conserver leurs aliments.

En descendant dans la vallée, nous découvrons de drôles de cercles concentriques. Ce sont les cultures de Moray, un laboratoire en recherche agricole à ciel ouvert. Les incas ont creusé dans la terre ces petites terrasses en cercles concentriques pour tester la résistance aux conditions climatiques de différents semis. Il faut savoir que la vallée sacrée est perchée sur l’altiplano, là où l’oxygène est plus rare qu’au niveau de la mer, plus sec mais aussi plus froid. Chaque niveau de terrasse offre un micro-climat distinct. Ainsi, ils testaient et sélectionnaient les semis les plus résistants et adaptés aux différents climats de l’empire. Cette maîtrise de l’agriculture leur a permis de régner sur le Pérou tels des maîtres incontestés du quinoa.

Ollantaytambo, dernier arrêt avant l’ascension du Machu Picchu. Malgré son nom à coucher dehors, Ollantaytambo est une mignonnette petite ville en pierre. La ville moderne fait face aux ruines de l’ancienne citadelle, construite en terrasses, avec une petite maison à flanc de roche vraiment étrange. Qui l’a construite ? Qui l’habitait ? Et surtout, qu’est-ce que le fuck ?

Une petite maison à flanc de roche vraiment étrange.

Ollantaymbo est l’une des gares principales de l’Inca rail, le train qui t’amène au Machu Picchu. C’est aussi la ville la plus touristique. Le centre ville n’est qu’hôtels, restaurants et magasins de souvenirs.

C’est également la ville des grilles de rigoles traîtres pourvoyeuses d’entorses carabinées. Caroline s’y est cassée la patte, la laissant sur le carreau à 2 jours de l’ascension du célèbre Machu Picchu. Patte folle arrivera t-elle au sommet ? Gaël en preux chevalier va t-il la porter jusqu’au bout ?

Réponse au prochain épisode. Tin tin tintintin…

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Je veux en savoir plus !

Tu peux lire : Comentarios Reales de los Incas un récit de Garcilaso de la Vega. Une œuvre écrite par le métis hispano-quechua Garcilaso de la Vega qui conte tout ce qui concerne l’empire Inca.

Tu peux écouter : Flor de canela, un classique de la musique péruvienne.

Tu peux regarder : Le secret des incas avec Charlton Eston.

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3 Responses to “Machu Picchu – Episode 1 : A la découverte de la vallée sacrée”

  • Pepito del benito

    Elle est pas mal la blague de la rigole. Je vais peut-être la RESSORTIR celle là, la prochaine fois que j’ai un coup dans le pif et que je me blesse ;). Sinon article et photos extra, comme d’habitude! J-22